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5 octobre 2009

Le domaine Gauby à la loupe


Gérard Gauby et son épouse Ghislaine ont repris en 1983 le petit domaine parental de 3 hectares sur la commune de Calce en Roussillon à 20 km au nord-ouest de Perpignan. Avant sa reprise en main, le domaine vendait ses vins à la coopérative locale. Depuis sa création, Gérard Gauby, aujourd’hui épaulé par son fils Lionel, n’a cessé d’étendre ce domaine qui compte aujourd’hui 85 hectares dont 45 de vignes.

A partir de 1990, le domaine s’engage dans la culture biologique ; les produits chimiques sont abandonnés en 1996, et les dernières ventes à la cave coopérative se font en 1997. A partir de 2001, les Gauby pratiquent la biodynamie. La polyculture est utilisée, une partie des terres étant agricoles. Aucun produit chimique n’est utilisé et les doses de soufre sont limitées au minimum.

La région est caractérisée par des pluies très faibles, voire absentes pendant plusieurs semaines, et des vents forts (présence de la Tramontane, vent très sec L’environnement du domaine est particulièrement très préservé, sauvage, aride, escarpé et vallonné (jusqu’à 300 mètres d’altitude).
La région de Calce, est d’une grande complexité géologique avec des failles verticales multiples et profondes, permettant aux vignes de plonger profondément. Les schistes sont issus des Pyrénées et le calcaire domine le Minervois. Entre ces deux régions, on trouve de nombreux terroirs, calcaires, de marnes et de schistes, composants qui se retrouvent à certains endroits intimement mêlés.

Les vins

Gérard et son fils Lionel n’ont cessé de faire évoluer leurs vins depuis la reprise du domaine avec des références comme Jean-Michel Deiss pour les blancs et Clos Rougeard et Rayas pour les rouges. D’abord assez massifs jusqu’en 1997, un premier virage a accompagné le passage en viticulture biodynamique et les vins sont devenus de plus en plus fins et élégants, marqués par le terroir, déroutant au passage une première fois les aficionados de la première heure. Toujours à la recherche du vin idéal, comme le confiait Lionel récemment, les Gauby n’on cessé depuis de modifier le caractère de leurs vins, recherchant, entres autres, parallèlement à leur passage en biodynamie, de plus en plus de fraicheur, moins d’alcool et allant, pour cela, jusqu’à vendanger sensiblement plus tôt que le reste de la région. Ce vrai virage est particulièrement sensible depuis 2004 et a été, à la fois salué, par la presse (3 étoiles dans le guide de la RVF) et controversé dans de nombreux forums, dont le notre.

Le domaine produit aujourd’hui les vins suivants :

1. Calcinaires blanc

Appellation : Vin de Pays des Côtes Catalanes.
Terroir : Coulée de calcaire.
Cépages :
- Muscat 50 % Vignes de 15 à 50 ans
- Macabeu 20 % Vignes de 30 à 50 ans
- Chardonnay 30 % Vignes de 20 ans
Rendements : 20 à 25 hl/ha.
Vendanges : Manuelles en caisses avec tri à la cave sur table.
Vinification : Pressurage direct, débourbage à basse température. Levures indigènes. Sans enzymage, sans chaptalisation, sans acidification.
Elevage : En cuve sur lies fines. Environ 8 mois
Mise en bouteille : sans collage, ni filtration.

2. Vieilles Vignes Blanc

Appellation : Vin de Pays des Côtes Catalanes.
Terroir : Calcaire sédimentaires. marnes, argilo - calcaires, schistes.
Cépages :
- Macabeu 40 % Vignes de 50 ans à 100 ans
- Grenache blanc 30 % Vignes de 50 ans à 100 ans
- Carignan blanc 5 % Vignes de 50 ans à 100 ans
- Grenache gris 10 % Vignes de 50 ans à 100 ans
- Chardonnay 15 % Vignes de 30 ans
Rendements : 15hl/ha.
Vendanges : Manuelles en caisses avec tri à la cave sur table.
Vinification : Pressurage direct, débourbage à base température. Levures indigènes. Sans enzymage, sans chaptalisation, sans acidification.
Elevage : 7 à 8 mois sur lies fines, barriques 65%, en cuve 35%
Mise en bouteille : sans collage, ni filtration.

3. Coume Gineste Blanc

Appellation : Vin de Pays des Côtes Catalanes.
Terroir : Schistes gris, argilo – calcaire, exposition plein nord à 200 - mètres d’altitude.
Cépages :
- Grenache blanc 50 % Vignes de 60 ans
- Grenache gris 50 % Vignes de 60 ans
Rendements : 15hl/ha.
Vendanges : Manuelles en caisses avec tri à la cave sur table.
Vinification : Pressurage direct, léger débourbage. Levures indigènes. Sans enzymage, sans chaptalisation, sans acidification.
Elevage : Barriques neuves à 50% et barrique d'un vin avec bâtonnage 50% 12 mois d'élevage.
Mise en bouteille : sans collage, ni filtration.

4. Calcinaires Rouge

Appellation : Côtes du Roussillon Villages.
Terroir : Calcaire, argilo – calcaire, schistes.
Cépages :
- Grenache noir 15 % Vignes d'une dizaine d'années
- Carignan 10 % d'une vingtaine d'années
- Mourvèdre 25 % Vignes d'une dizaine d'années
- Syrah 50 % Vignes d'une dizaine d'années
Rendements : 25hl/ha.
Vendanges : Manuelles en caisses avec tri à la cave sur table.
Vinification : Traditionnelle. Eraflage à 100%, macération 2 à 4 semaines. Levures indigènes. Sans enzymage, sans chaptalisation, sans acidification.
Elevage : 10 mois d’élevage, barriques 20%, en cuve 80 %.
Mise en bouteille : sans collage, ni filtration.

5. Vieilles Vignes Rouge

Appellation : Côtes du Roussillon Villages.
Terroir : Calcaire sédimentaires et schistes.
Cépages :
- Grenache noir 25 % Vignes de 55 ans
- Carignan 35 % Vignes de 125 ans
- Mourvèdre 10 % Vignes de 25 ans
- Syrah 30 % Vignes de 20 ans
Rendements : 20hl/ha.
Vendanges : Manuelles en caisses avec tri à la cave sur table.
Vinification : Traditionnelle. Eraflage à 100%, macération 2 à 4 semaines. Levures indigènes. Sans enzymage, sans chaptalisation, sans acidification.
Elevage : 24 mois d’élevage, barriques 100 %.
Mise en bouteille : sans collage, ni filtration.

6. Muntada

Appellation : Côtes du Roussillon Villages.
Terroir : Marnes calcaires.
Cépages :
- Grenache noir 45 % d'une cinquantaine d'années
- Carignan 45 % plus de 120 ans
- Mourvèdre 5 % d'une vingtaine d'année
- Syrah 5 % d'une quinzaine d'année
Rendements : 20 hl/ha.
Vendanges : Manuelles en caisses avec tri à la cave sur table.
Vinification : Traditionnelle. Eraflage à 100%, macération 2 à 4 semaines. Levures indigènes. Sans enzymage, sans chaptalisation, sans acidification.
Elevage : Foudres et barriques. 30 mois d'élevage.
Mise en bouteille : sans collage, ni filtration.

Dégustation

Cette dégustation a été menée dans le cadre du Domaine du mois du Forum LPV

Ci-dessous le tableau des vins dégustés et les appréciations de huit des participants :

La colonne M donne la moyenne statistique des appréciations et la colonne +- l’écart type de cette moyenne. Le % d’alcool est aussi donné à titre indicatif.

Les Notes de dégustation

Ces notes sont en rapport avec la dégustation relatée ci-dessus, sauf celles suivies d’un (*), qui relatent la dégustation de bouteilles bues isolément.

01. Les Calcinaires Blanc 2006

Le nez est un peu fermé, sur des notes florales puis évolue sur des fruits jaunes et des épices. En bouche, la fraicheur est de mise, sans être agressive, et on retrouve ensuite un bel équilibre avec des aromes de fruits jaunes et une pointe de noisette. La finale est sur la finesse mais assez moyenne en termes de longueur. 14/20

02. Les Calcinaires Blanc 2008

Le nez exprime une forte fraicheur, voire une certaine verdeur, avec des aromes d’agrumes citriques de pamplemousse et de citron vert. En bouche, dès l’attaque, l’acidité est très marquée et déplace un peu trop l’équilibre vers la fraicheur. Les aromes de bouche sont plus marqué « minéralité » avec une forte impression de silex. La longueur est appréciable mais elle aussi marquée par l’acidité. 13/20

03. Vieilles Vignes blanc 2006

Le nez est ici déjà plus exubérant avec à la fois des agrumes mais aussi du beurré, faisant penser au croissant du petit déjeuner. Une petite impression d’élevage est encore palpable. En bouche acidité et fruits sont au diapason pour proposer un bel équilibre croquant avec à nouveau des notes beurrées qui en font un vin assez bourguignon de perception. La finale est marquée par la longueur et serait idéale, si une pointe d’amertume ne venait s’immiscer ça et là. 15/20

04. Coume Gineste blanc 2005

Changement de cap à 180° avec ce vin au nez oxydatif, balsamique le tout accompagné d’une pointe de volatile. J’avoue être assez perturbé. En bouche, la fraicheur est moins évidente que sur les vins précédents et bien que l’équilibre est manifeste, on reste sur des notes oxydatives de beurre rance, marquées par le boisé. La finale, quant à elle est plus que respectable. Un vin, à nouveau, très bourguignon qui malgré ses aromes perturbants, présente une certaine noblesse. 14/20

05. Les Calcinaires Rouge 2005

Le nez est très fermé, avec des notes plus cabernet franc qu’autre chose. En bouche, la fraicheur à l’attaque est de mise et annonce un bel équilibre, sur le fruit. Les tanins sont assez fins. La finale est moins sur le fruit, plus accrochée aux tanins et à l’acidité. Pas mal tout de même pour le prix (comparé aux autres vins du domaine). 14/20

06. Les Calcinaires Rouge 2007

Le nez est ici plus ouvert, puissant avec des fruits acidulés, compotés accompagnés d’une pointe d’alcool et de verdeur. La bouche est dominée par le côté acidulé et des tanins très durs. Même si cela reste agréable, cela manque singulièrement de gourmandise voire de maturité…. A revoir, donc… 13,5/20

07. Vieilles Vignes Rouge 1998

La robe est encore très jeune et le nez est splendide, un véritable bouquet de fruits rouges dans lequel on aimerait plonger. La bouche est tout aussi splendide marquée à la fois par un très bel équilibre entre fraicheur, fruit et rondeur ainsi qu’une très belle finale, très gourmande. Un très beau vin, assurément. 16/20

08. Vieilles Vignes Rouge 1999

La robe semble ici moins dense que pour le 98. Le nez est lui aussi plus évolué avec des notes de truffes, de fruits compotés et une pointe de bois neuf. En bouche, l’acidité est plus en retrait et les aromes de pruneau et de vieux fût marquent assez fort. La finale est assez sèche. Un vin, somme toute assez décevant, probablement passé ou issu d’une mauvaise bouteille. 13/20

09. Vieilles Vignes Rouge 2000

Retour à une robe pleine de jeunesse et à un très beau nez, intense, confituré (mûres) avec des notes viandeuses et une pointe de girofle. La bouche est sublime marquée par des fruits murs et des tanins souples et soyeux, de la fraicheur, tant à l’attaque que sur la finale, énorme. Très, très grand vin. 17/20

10. Vieilles Vignes Rouge 2004

Robe et nez sont pour le moins marqués par l’intensité, avec des fruits noirs et une pointe de verdeur pour le second. La bouche est marquée par la fraicheur et la matière, très concentrée et sanguine accompagnée de tanins appuyés qui ont tendance à marquer la finale. Cela reste appréciable mais on lui laisserait bien trois ans de réflexion. 15/20

11. Vieilles Vignes Rouge 2005

Le petit frère du 2004, dirais-je, avec un nez moins intense et un côté plus viandox. La bouche est encore plus dominée par l’acidité et l’astringence des tanins qui donnent une impression en finale de verdeur et d’astringence. Jeunesse ou virage de vinification, le temps le dira. 14/20

12. Vieilles Vignes Rouge 2006

2004, 2005…. Et un et deux… et trois. Il suffit effectivement de copier/coller les notes des deux vins précédents et on a le 2006, avec actuellement encore plus de notes viandeuses et le côté acide-astringent renforcé. Evidemment, pour sauver la bestiole et parer toute subjectivité, on dira : un vin de gastronomie probablement. Lisez ce que vous voulez….mais il faut peut-être laisser sa chance à ce style. 14/20

13. Muntada 1996

Première Muntada de la soirée, vin, accompagné de ses mythes, de ses louanges et de ses détracteurs, des vins dont je suis personnellement amateur friand depuis longtemps. La robe est belle avec des notes d’évolution marquée. Le nez est plein d’évolution entre fruits rouges encore murs et notes d’aromes secondaires qui dominent avec l’aération du vin. La bouche est équilibre avec une acidité un peu en retrait et une petite impression de creux et une finale assez courte, mais cela reste plaisant, surtout pour les amateurs de vins plus évolués. 15/20

14. Muntada 1998

Une grande jeunesse de couleur et un nez splendide, voilà le tarif du jour. Les aromes sont d’une grande complexité et fusion, difficilement descriptibles séparément avec tout de même un splendide compoté et de la fraicheur omniprésente. Même chose en bouche ou les tanins tendres donnent de la trame à la fraicheur et au fruit, tant en milieu de bouche qu’en finale, d’une longueur extraordinaire. Un vin fier de son rang, énorme et tout en finesse, à la fois ! 19/20

15. Muntada 1999

Ici aussi, beaucoup de jeunesse et un nez marqué par un bouquet harmonieux de fruit rouges et noirs, avec une pointe de viandeux à l’aération. La bouche est au diapason, semblable au 98, avec peut-être plus d’évolution. C’est à boire et à reboire, tellement c’est beau maintenant….avec peut-être moins d’avenir que le 98. 18/20

16. Muntada 2000

La robe est d’une grande jeunesse, et le nez exubérant, avec beaucoup de fruit, à nouveau ces notes viandeuses et un peu de grillé. La bouche est équilibrée avec toujours cette belle fraicheur et ce fruit d’une grande rondeur plein de croquant. La finale est plus modérée que pour les deux vins précédents, un peu plus marquée par l’alcool. Cela reste très, très beau, toujours sur la finesse. 17,5/20

17. Muntada 2001

J’ai eu la chance de goûter trois fois ce vin en un an et à chaque fois, cela a été mon coup de cœur absolu. Tout y est, au nez comme en bouche. Un compoté extraordinaire, du fruit tous azimuts, une bouche d’une suavité et d’une finesse extraordinaire ou rien ne manque, fruit, finesse des tanins, gourmandise et longueur. Cela reste mon plus grand vin du Roussillon goûté à ce jour. 20/20

18. Muntada 2004, 2005 et 2006

Les robes sont extrêmement denses, les nez de plus en plus fermés, plus on va du 2004 au 2006, avec un fruit souvent terne, quelquefois floral, de l’acidité de plus en plus verte au nez comme en bouche, des notes de soleil, des aromes caramélisées voire écœurants par leur densité. Voilà, hélas le topo. Après les sublimes 98, 2000 et 2001, j’ai du mal à comprendre ces vins. Il y a un virage, c’est sûr…

Pour paraphraser et avec beaucoup d’exagération et de subjectivité, je dirais :

« Imaginez-vous dans un jet privé, baigné dans l’opulence, entouré de nymphes dévouées à votre seule personne, dans une extase absolue… et bing, c’est la lumière rouge qui vient troubler tout cela, attachez vos ceinture, atterrissage forcé en prévision… et puis, l’île déserte, pas même un lézard, plus une nymphette »

Est-ce un cauchemar, suis-je un de ces incultes au palais incapable de lire entre les lignes et de sentir au-delà de mes perceptions, les grands vins qui s’annoncent, franchement, je le souhaite, parce que, ici et maintenant, ces vins ne valent pas leur prix. Monsieur Bettane, expliquez-moi….

2004 : 15/20
2005 : 14/20
2006 : 13/20

Conclusions

Tout est subjectivité quand on se réfère à son plaisir et à son goût personnel et tout dégustateur est influençable par le contexte d’une dégustation et des mouvements de presse ou bruits de cour qui l’entourent.
Mais si on essaie de polir tout cela, il n’en demeure pas moins que certaines différences sont flagrantes. On passe de splendides moments de gourmandises, jusqu’en 2001, avec des Muntadas héroïque et des Vieilles Vignes très intéressantes, d’un beau rapport qualité-prix à des vins d’une grande dureté, marqués actuellement par la verdeur, c’est inévitablement perceptible, malgré le caractère enlevé de mes propos.
D’avoir récemment, rencontré Lionel Gauby, il m’avouait que le domaine se cherchait encore et toujours… certes, mais on aimerait tellement connaître le fond de ce qui anime ces derniers millésimes.
Peut-être faut-il laisser le temps au temps.

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