750 grammes
Tous nos blogs cuisine Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vins Libres
Vins Libres
Publicité
Newsletter
Archives
Vins Libres
26 avril 2010

Verticale de Clos Baquey - Elian da Ros

Verticale 1997-2006

Il nous tardait au club « INAO » dans le Brabant Wallon de déguster les vins d’Elian et principalement une très belle verticale du Clos Baquey, nous qui en Belgique, avons été favorisés par l’intérêt de cavistes passionnés pour ce domaine, et cela, dès ses débuts…. Occasion aussi pour nous de (re)visiter les vins d’un homme discret, réservé mais aux bouteilles de plus en plus médiatisées.

A propos du domaine 

Sont-ce ses origines du Veneto qui ont amené Elian da Ros au vin, voire la tradition familiale  qui a toujours vinifié à titre privé ou est-ce le fruit d’un fort agréable hasard qui a fait naître la passion du vin en lui…. Seules les muses connaissent la vraie réponse.
Toujours est-il que c’est un homme plein d’idées et de talent qui s’est lancé dans la viticulture à titre indépendant, un beau matin de 1997 renforcé par une formation variée à laquelle Leonard Humbrecht est loin d’être un acteur de passage.
Le lieu sur lequel il jette son dévolu se situe sur les terres de son enfance, à Cocumont, dans le Marmandais. Parti des 7 hectares familiaux, le domaine atteint aujourd’hui près de 22 hectares où merlot, cabernet franc, cabernet sauvignon se côtoient non sans ignorer les Abouriou, malbec et syrah pour les rouges ainsi que sauvignon blanc et gris et sémillon pour les blancs.

Fort de sa formation et de sa profonde adhésion à l’expérience liée à celle-ci, Elian démarre sa conversion bio en 2000 pour obtenir sa certification (Agrocert) en 2003. A partir de 2002, c’est au tour de la biodynamie de s’imposer en commençant par les vignes du Clos Baquey.

Les vignes sont en taille Guyot avec un enherbement un rang sur deux.
Les raisins sont majoritairement égrappés lors des vendanges manuelles puis pressurés sous pneumatique douce et lente. Le moût est macéré en douceur et la fermentation alcoolique dure de 10 à 20 jours.
Cépage et parcelles (s’il y a lieu) sont vinifiés séparément dans des cuves en ciment puis élevés en fûts de la même manière. C’est peu avant la mise que l’assemblage a lieu. Le soufre est utilisé mais à des doses faibles (30 à 50 mg/l pour les rouges).

Pour en savoir plus : procurez-vous l’excellent article de la Revue « Le Rouge et le Blanc » du deuxième trimestre 2010 qui est consacré à Elian Da Ros ou sur le forum LPV à l’adresse ICI 

La dégustation

Les vins sont servis carafés dans l’ordre croissant des millésimes selon la suggestion d’Elian pour la verticale du Clos Baquey. Deux autres vins ont été ajoutés pour la mise en bouche. Les bouteilles ont été fournies directement par le vigneron à l’organisateur de la dégustation.
Côté appréciations, le groupe INAO est « réputé » pour ne pas être très généreux dans ses appréciations. Un 15/20 représente déjà un excellent vin alors qu’un 11/20 n’est pas du tout à interpréter comme qualifiant un vin manquant d’équilibre, de structure ou se goutant mal, mais plutôt un vin qui n'a pas captivé.

Abouriou 2008 

Vin non certifié Bio issu de sols argilo graveleux provenant chaque année de la même parcelle. L'élevage est de un an en foudre.

La robe est pourpre sombre. Le nez est assez intense avec une dominance de fruit légèrement compoté avec un côté fraise écrasée. Des épices comme la cannelle et la vanille sont aussi présents.
La bouche est équilibrée, marquée par une belle fraicheur ainsi que tes tanins bien fins mais une impression de légère dilution se fait ressentir, principalement sur le fruit, impression appuyée par la présence d’alcool et d’un peu de sucre, surtout sur la finale, plus marquée par les tanins et la torréfaction que le milieu de bouche. Globalement, cela reste assez rafraichissant.
Note personnelle
13,5/20 – Note moyenne du groupe 12,9/20

Le Vin est une Fête 2008 

Vin certifié bio depuis 2008. Assemblage de 60% de merlot, de 30% de cabernet franc et de 10% d’abouriou de parcelles semblables chaque année sur des sols majoritairement argilo-limoneux, mais aussi de bouts de parcelles argilo-graveleuses de Chante-Coucou qui sont déclassées. L'élevage se fait un an en foudres(abouriou et merlot) et en barriques (cabernet franc).

La robe est très sombre, pourpre presque noire. Le nez est plus discret, d’abord plutôt réduit pour la majorité du groupe, ensuite, s’ouvrant de manière plus complexe que le premier vin, avec des fruits rouges, du floral et un côté viande fraiche.
L’attaque de bouche est très tendue par l’acidité qui confère beaucoup de droiture au vin. Le fruit (noir et rouge) est plus présent, plus croquant avec un petit côté plaisir que ne renient pas les tanins, très souples. On retrouve aussi un peu d’alcool et le vin présente globalement une impression de dissociation certainement conférée par sa jeunesse. La finale reste sur le fruit, légèrement sucrée, le tout avec une persistance acceptable.
Note personnelle
14/20 – Note moyenne du groupe 13,2/20
 

Clos Baquey

Vin certifié bio depuis 2003 issu d’un assemblage de merlot (33%), cabernet franc (33%), abouriou (20%) et cabernet sauvignon (14%) sur une parcelle unique de 5 ha argilo-calcaire.

1997

La robe est pourpre foncé avec de nettes marques d’évolution. Le nez est assez intense, très tertiaire, animal avec du sous-bois marqué, épicé, non sans manquer de fraicheur. Le bois est présent, surtout après un peu d’aération. La bouche est marquée par un bel équilibre malgré une attaque très tendue. Les fruits (compotés) et les tanins y sont bien intégrés. La finale est fruitée, épicée, un peu sanguine avec un petit air italien.
Globalement, même s’il reste agréable, le vin paraît un peu lâche avec une complexité moyenne avec une impression d’être plutôt sur la pente descendante qu’à son apogée.
Note personnelle
13,5/20 – Note moyenne du groupe 13,3/20

1998 

La robe est rubis brunâtre avec une forte évolution. Les aromes du nez sont moins tertiaires que pour le 97 avec plus de fruits noirs et rouges pour s’opposer au sous-bois. Certains perçoivent une pointe de minéralité, de la réglisse et des épices. En bouche on retrouve l’équilibre tendu du 97 avec une acidité surette, des fruits un peu cuits et des tanins plus asséchants. Globalement, on pense à une extraction importante. La finale rappelle les aromes et le tactile du milieu de bouche avec un peu plus de douceur mais aussi d’alcool. Bilan mitigé et vin très controversé par le groupe.
Note personnelle
14/20 – Note moyenne du groupe 13,5/20

1999

La robe est rubis foncé, assez évoluée. Le nez est assez plaisant, plus complexe encore, avec des notes de sureau et de prune un peu compotée, quelque notes florales et de la torréfaction. La bouche divise le groupe. Si certains la trouvent plus juteuse et fruitée, d’autres sont perturbés par un côté pas trop net, un peu terreux. L’acidité est très présente surtout à l’attaque de bouche, conférant un côté très angulaire à ce vin. La finale est marquée par de nouvelles impressions, sanguines, légèrement alcooleuses et doucereuses, avec encore pour certains, une pointe d’amertume. Bref un vin controversé, assez difficile à cerner.
Note personnelle
11/20 – Note moyenne du groupe 13,3/20

2000

La robe est rubis très foncé avec une densité qui fait penser à un vin nettement plus jeune même si des traces d’évolution restent perceptibles.
Si le nez est plus fermé dans un premier temps, il a tendance à livrer nettement plus de richesse et de plaisir que pour les trois premiers millésimes avec les fruits noirs et la torréfaction qui assurent le haut du panier.
La bouche est à la fois équilibrée et très structurée sur un bel ensemble entre fraicheur, tanins et fruits. Cette impression de fruit bien mûr presque surmuris persiste jusqu’au bout de la finale où interviennent encore quelques épices douces et quelques notes sanguines. Pour certains, le vin est quelque peu asséchant sur cette même finale. Si cet ensemble ne semble ne pas pouvoir encore progresser, on est indéniablement sur quelque chose de très plaisant et juteux.
Note personnelle
15/20 – Note moyenne du groupe 14,4/20

2001

La robe est pourpre, dense et sombre. Le nez est plus ouvert, à nouveau d’une belle complexité avec des fruits cuits, du chocolat et du sureau. La bouche est puissante, riche avec une acidité qui mène le débat, presque un peu trop à l’attaque, laissant toutefois le fruit s’exprimer petit à petit. On y retrouve les autres aromes du nez, globalement, avec aussi de la prune et une pointe d’alcool assez noble. La longueur est nettement plus imposante, avec une impression de surmaturité qui rappelle presque un vin doux naturel à certains. A attendre encore un peu, probablement.
Note personnelle
14,5/20 – Note moyenne du groupe 13,6/20

2002

La robe est pourpre sombre avec quelques notes d’évolution. Le nez est d’abord très charnu, non sans fraicheur, puis apporte à l’aération de nombreux aromes tels des fruits noirs, du pruneau et de la réglisse.
La bouche est marquée ici par un équilibre moins massif avec un fruit plus intense, une acidité plus tenue et des tanins assez polis. Si la finale est un peu chaude, ce vin n’en reste pas moins très civilisé, très agréable. Un vin qui a plu à nombreux dégustateurs.
Note personnelle
14,5/20 – Note moyenne du groupe 14,1/20

2003

La robe est rubis évolué. Le nez, d’abord fermé, livre ensuite des aromes de Porto, avec des fruits compotés et quelques notes herbacées. Si la bouche garde une certaine fraicheur, la faiblesse des tanins, l’alcool et la sucrosité nous ramènent nettement plus au Sud que l'appellation le ferait penser. La finale conserve cette impression avec des notes fumées et métalliques additionnelles.  Si cela reste bien fait, on manque quand même, ici, de profondeur et de subtilité. Effet millésime ?
Note personnelle
13,5/20 – Note moyenne du groupe 13,3/20

2004

La robe est pourpre et dense. Le nez, de prime abord pas trop expressif, livre ensuite de beaux aromes de fruits noirs, de moka, de caramel et de viande, le tout donnant un sentiment de forte complexité.
On retrouve en bouche plus de fraicheur, par rapport au 2003, même si l’acidité n’est pas excessive. L’impression de matière domine entre séduction et plénitude avec des tanins à nouveau assez polis. Sur la finale, longue et noble, on retrouve du fruit compoté et juteux avec des tanins un fifrelin plus asséchants. Un très beau vin, sans nul doute. Dans le reste du groupe, certains y voient un vin un peu trop massif, monobloc…. C’est loin d’être mon cas.
Note personnelle
15,5/20 – Note moyenne du groupe 13,8/20

2005

Si la robe est très proche de celle observée pour le 2004, le nez est ici nettement plus ouvert sur des fruits noirs compotés, voire cuits, des notes florales quelquefois légèrement herbacées, du fumé et une pointe de vanille. A nouveau, une très belle impression de complexité.
La bouche est d’un splendide équilibre avec une acidité bien maîtrisée, des tanins fins et intégrés, beaucoup de structure fruitée et une infime perception d’alcool.
La finale est plus qu’agréable, pleine de plaisir et de noblesse. Ce vin me parle énormément, il allie finesse au plaisir…. C’est grand !
Note personnelle
16,5/20 – Note moyenne du groupe 15,4/20

2006

La robe est encore très jeune, entre pourpre et noir. Le nez est à nouveau très complexe avec des fruits noirs, du floral, du tabac, de la viande et une impression d’élevage plus perceptible que pour les millésimes antérieurs.
La bouche est au diapason, ouverte, riche, structurée avec un équilibre encore en train de se faire, les tanins n’étant pas tout à fait autant intégrés que dans les vins précédents.
La finale est longue, prometteuse, alliant caractère et finesse. Un beau vin en devenir qu’il convient d’attendre deux à trois ans.
Note personnelle
15,5/20 – Note moyenne du groupe 14,4/20

Conclusions 

Si par habitude (mauvaise ou non), j’avais toujours dégusté le Clos Baquey jeune, appréciant les aromes que l’on retrouve dans le 2005, j’attendais avec impatience d’appréhender ces mêmes vins avec l’évolution du temps. J’avoue rester un peu perturbé de cet exercice, tant les derniers millésimes me parlent toujours plus en terme de structure et de fruit.
Mais on peut dégager pas mal de lignes directrices dans ces vins : l’acidité, tout d’abord, souvent très franche, surette sur les tout premiers millésimes. Le coté surmaturé du fruit, ensuite, très présent, à nouveau sur les millésimes plus anciens. Ces deux impressions sont-elles la résultante d’une méthode de vinification personnelle, peut-être influencée par la famille Humbrecht, ou le vin reflète t-il ses qualités natives ?
Une seconde impression dominante dans le groupe est le côté italien inattendu pour une région du Sud-Ouest si proche de Bordeaux et où le merlot n’est pas en moindre pourcentage dans les assemblages. C’est étonnant… mais en fait… plaisant.
Enfin, il y a ce sentiment de maîtrise grandissante avec les millésimes, les deux derniers goûtés approchant la perfection. Cela ne ressort pas tellement dans les notes du groupe, mais celui-ci me donne souvent l’impression d’un calvinisme inégalé qui m’effraie même parfois. Merci d’en tenir compte dans votre lecture.

Mini-interview

Comme souvent pour encadrer une dégustation de qualité, j'ai demandé à Elian da Ros de répondre à quelques questions relatives à nos impressions de dégustations ou issues de notre réflexion sur ses vins.
Il s'est prêté au jeu avec beaucoup de gentillesse, ce en quoi, je l'en remercie vivement.

Le merlot est bien présent dans vos cuvées. Qu'est-ce qui vous a poussé à ce choix alors que ce cépage n'est pas obligatoirement prépondérant dans les vins du Sud-Ouest ?
Mon père avait planté beaucoup de merlot sur les sols calcaires et limoneux où ils sont bien adaptés. il est assez dominant dans le marmandais en général. j'en ai aussi planté un peu sur certains sols limoneux également où son comportement est supérieur en qualité vis à vis des autres cépages d'ici.

Nous avons ressenti une forte évolution entre les vins des premiers millésimes et des derniers produits au domaine, en tout cas, en ce qui concerne la verticale du Clos Bacquey. Ces différences peuvent-elles être interprétées par la jeunesse des vignes lors des premiers millésimes ou plutôt par l'évolution de la viticulture au domaine ?L'âge des vignes y est pour peu, elles ont aujourd'hui 35 ans et 17 ans pour l'abouriou. L'évolution de la viticulture (bio, biodynamie...), de la vinification (meilleure compréhension de notre raisin et adaptation, expérience) et évolution de moi même aussi (expérience, évolution vers plus de finesse, maturité de l'être...) en sont les raisons essentielles.

Dans certains cas les finales ont montré un côté plus assèchant, surtout dans les millésimes les plus évolués. Est-ce plutôt lié au raisins ou à l'élevage ?
Les deux, en plus d'une évolution de notre réception des vendange en 2004, par gravité uniquement avec une table de tri supplémentaire.
 

On retrouve souvent des acidités marquées qui confèrent un petit rappel de vos origines ancestrales en Italie. Est-ce un choix dans les maturités et la vinification ou plutôt la résultante d'effets millésimes sur votre façon de travailler ?
Je recherche des raisins mûrs mais pas surmuris; de plus, ce sont nos terroirs argileux et notre climatologie qui nous confèrent cette fraicheur. Avec le passage en bio et biodynamie, on remarque que les tanins sont mûrs plus tôt, avec un meilleure acidité et un équilibre plus intéressant particulièrement pour le vieillissement.

Parallèlement et tout comme pour certains vins du domaine Zind-Humbrecht, une impression de recherche de maturités plus extrêmes a été ressentie par notre groupe. Est-ce une perception relative de notre part ou le fruit réel de votre volonté?
Il n'y a pas de recherche de surmaturité du tout, le Clos Baquey fait entre 13 et 13.5% vol. Seul 2003 est à 13.9. Le plus surmuris a été 1999 certainement où les repères me manquaient sur un millésime difficile, la surmaturité rassure lorsqu'on est jeune! C'est le gout de nos merlots qui aromatiquement peuvent vous donner cette impression.

Après plus de 10 ans lancé dans votre propre aventure, la fougue des premiers jours est-elle à chaque millésime renouvelée ? Plus particulièrement, pensez-vous avoir atteint un certain aboutissement avec vos méthodes culturales actuelles et avec les différentes cuvées proposées, ou pensez-vous, à l'inverse être à peine au début du chemin ?
J'essaie d'aller vers un point là haut et le chemin est long, l'enthousiasme est toujours présent, la remise en cause permanente,  la satisfaction partielle parfois, car nous connaissons tous le tendon d'Achille de nos vins, et la marge de progrès pour nous est grande encore. On y travaille dur, vous voyez la saison reprend, le stress revient, la mise ne place des nouvelles évolutions se prépare... aboutir c'est mourir, le penser c'est ennuyeux et prétentieux.
 

Où que vous interveniez, vous aimez à rappeller la grande influence de Leonard Humbrecht sur votre façon d'être et de travailler. Etes-vous un peu comme moi, un peu lié à vie, à cette région alsacienne qui a encadré votre formation ? Et de façon plus anecdotique, la table de la Taverne Alsacienne ne vous manque-t-elle pas trop ?Léonard c'est mon maitre, Olivier mon formateur!
La Taverne Alsacienne était ma table journalière... on peut avoir des regrets mais pas des remords et j' y passe à chaque visite en Alsace. La famillle GUGGENBULH est extraordinaire...

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité